En raison de vos capacités exceptionnelles, vous êtes mutés sur le territoire américain pour une mission classée secret-défense.
Vous recevrez vos ordres d'affectation une fois sur place. Vous rencontrerez sur place le Sergent John Waterhouse, de la MILICE anti-mutant.
Ces ordres prennent effet immédiatement.

Officier Commandant Wright.

Enfin une vraie mission, à la hauteur de ses capacités! Trois ans qu'il poireautait toujours à Bled, sans rien faire d'excitant. Certes, la traque aux mutants dangereux était toujours aussi vivifiant, mais avec le temps, il n'y avait plus que des manipulateurs d'eau et des créateurs de pollen. Sérieusement. Cela devenait d'un ennui.... Heureusement, c'était bientôt finit! Il allait enfin faire vraiment parti du secret, peut-être même prendre la tête d'un secret d'état! Sortir enfin de cette prekelo de Slovénie. Il avait beau aimé son pays, il y avait des causes bien plus grande et toutes les décisions sur le sujet se prenaient aux Etats-Unis, il fallait être honnête. Depuis les Accords de New-York, plus rien ne se passait sans l'accord des ricains. C'était pas déjà le cas avant? Si peut-être. Peu importait. C'était enfin à son tour d'entrer dans l'arène!



Lorsque l'homme fut mit en chair, nous leur apprîmes la douleur. Une enveloppe de chair et d'os se brise, se fissure, casse et pèle si l'on n'y prend pas soin. De la douleur naquit la guérison. Et j'en fus le porteur. Il n'existait aucune douleur que je ne pus prendre, aucun maux que je ne pus effacer. En échange de ce grand pouvoir, je n'avais à sacrifier qu'un instant de douleur, pénitence pour les Hommes. Et pendant longtemps, je fus un bon Dieu. Et pendant longtemps, ils me vénérèrent. Et pendant longtemps, les Hommes éprouvèrent pour Moi le respect et l'amour. Mais l'Homme, en son sein, était corrompu. Et je ne l'appris que bien assez tôt.

En mon temple, aucune arme ne pouvait entrer, malgré les haines intestines qui pouvaient unir deux malades l'un près de l'autre. Les guerres qui se multipliaient entre les hommes amenaient à Moi de plus en plus d'hommes et de femmes, de blessés et d'agresseurs, de perdants et de vainqueurs. Je les soignais tous sans distinction, éreintant Mes sens et fatiguant mon âme. Mais qu'importait. Les humains étaient notre création. Nous en avions la responsabilité. Mais combien les avions-nous sous-estimés.

Un jour, le serment fut rompu. On entra armé en mon sein et on massacra ceux que j'avais soigné.

C'est du moins tout ce dont je me rappelle.


Le Dôme. Cette création du gouvernement américain. Lorsque Borya le découvrit enfin, ainsi que les secrets qui le peuplaient, il n'en revint pas. Mutants mais aussi vampires, lycans, même sirènes! Comment avait-on cachés cela à la face du monde? Passé les premiers émois, il comprit rapidement qu'il n'y avait pas lieu de tergiverser. Il fallait garder les créatures à l'intérieur. Pour leur propre bien... Et surtout celui des Hommes.

Le Sergent Waterhouse était un homme dur, mais juste et Borya s'attacha rapidement à ce petit homme (bien qu'il ne prit jamais le risque de le lui dire en face, grand dieu non -à moins de vouloir finir la tête dans une cuvette, petit, ou pas petit!), et il le suivit dans plusieurs missions autour et dans le Dôme, même si il eu rapidement l'impression que quelque chose de louche se tramait. C'était comme si on lui cachait quelque chose, sans qu'il parvienne à mettre le doigt dessus. Un sentiment étrange, une façon de soudain crisper la main alors qu'ils arrêtaient un mutant rebelle. Quelque chose d'étrange.

Et puis un jour... Tout changea. C'était pourtant une mission ordinaire. Rattraper des mutants, rapatrier des loups sauvages. Il avait fait cela des centaines de fois. Et pourtant, sans crier gare, il perdit connaissance. Une douleur sans nom lui vrilla les tempes, le faisant tomber à même le sol à peine descendu du camion. Plus tard, on lui apprit que c'était le Sergent Waterhouse qui l'avait fait immédiatement rapatrié. Il n'en garda aucun souvenir.

Quand il rouvrit les yeux, il était dans son baraquement. Tout son corps était engourdi, il ne sentait même plus ses orteils. Il lui fallut un long moment pour revenir à lui. A son propre corps. C'était comme si il essaie d'entrer dans une coupe déjà à moitié pleine. Il lui fallut quelques minutes pour comprendre. Quelques unes de plus pour demander de l'aide. Et en quelques instants, il passa de soldat à rat de laboratoire.

Les mois qui suivirent furent éprouvant. On lui parla de récurrence, de l'existence, jusqu'alors dissimulée, de divinités, toutes plus puissantes les unes que les autres. On lui expliqua qu'apparemment, des 'corps' étaient 'modelés' pour accueillir une "conscience'. Une autre âme. Un Dieu. Et devenez qui était l'un des heureux chanceux? Si au départ, la présence fut discrète, elle se manifesta rapidement par des mots, des envies et des images. En bon soldat, Borya référença toutes ces manifestations auprès des scientifiques qui le 'gardait'. Plus le temps avançait, plus la présence... Grandissait. Borya pouvait le sentir grignoter son corps comme une maladie, révolté de se voir ainsi déposséder de son propre corps.

Et puis, un jour, la voir en lui lui murmura que les scientifiques ne lui disaient pas tout. Que quand il 'dormait', ils expérimentaient sur lui toutes sortes de choses. Qu'il le savait car lui, il ne dormait pas. Jamais vraiment. Et à partir de ce jour... Borya perçut d'étranges choses. Des gestes, des mots, des regards en coin. Comme si soudain il réalisait qu'il n'était pas avec eux... Mais de l'autre côté de l'expérience. Dans l'éprouvette et non avec les scientifiques. Sans s'en rendre compte, Borya commença à se méfier des scientifiques, qui ne mirent à longtemps à le réaliser. Il fut sédaté. Attaché. Et pendant de longs mois... Torturé. Au nom de la science.

La douleur était infinie, et ne cessait jamais. Son corps avait beau se remettre, on lui apportait sans cesse des os brisés, des peaux éclatés, des corps en fin de vie. Parfois il réussissait. Parfois non. Dans les deux cas, il souffrait le martyre.


Borya
Oui
Maintenant

Ses yeux s'ouvrirent d'un coup, se redressant sur le brancard sur lequel on l'avait allongé, suite à sa perte de connaissance. Le coup atteignit l'homme le plus proche, cependant qu'il repoussait la femme qui tenait encore la seringue. D'un geste, il la précipita au sol, ramenant le médecin contre lui, en guise de bouclier. En quelques secondes, un premier militaire surgit dans la pièce, et tira, sans même une hésitation. Le sang du médecin éclaboussa le visage de Borya, et il le lança contre l'homme, qui perdit l'équilibre. En quelques secondes, il récupéra son arme et tira, plusieurs fois. Une balle lui traversa l'épaule, le vrillant de douleur mais presque aussitôt, il ressentit le picotement de la guérison, insuffler par Khors dans ses veines. Il se précipita en avant, percutant une fenêtre avant de se jeter dans la cour du complexe, atterrissant maladroitement sur ses pieds nus. La cheville vacilla, mais c'était leur seule chance. Ils se mirent à courir, le plus vite possible, avant la fermeture de la grille. Il s'en fallut de peu. Mais ils parvinrent à sortir.

Pendant trois jours, Borya fut poursuivit par des hommes armés, des scientifiques, des loups territoriaux. A chaque fois, il fut blessé, et à chaque fois, il guéri.

En moins d'une semaine, il atteignit le point le plus profondément enfoui dans la forêt du Dôme, s'y effondrant de fatigue, de soif, et de faim. Il aurait pu perdre connaissance, mais il entendit soudain un cri, un bêlement, une détresse infinie. Aucun des deux ne su pourquoi ils plongèrent dans l'eau du ravin, ni qui d'eux deux choisit de sauver la pauvre petite chèvre qui se noyait là. Peut-être en avaient-ils simplement assez d'entendre la souffrance tout autour d'eux. Ils la trainèrent sur le bord du fleuve et s'y effondrèrent, dormant plus de deux jours à même la boue.

Quand il rouvrit les yeux, Khors constata que la petite chèvre n'était pas parti. Il décida alors que c'était un signe, le signe qu'il pouvait rester ici. Il construit une hutte, loin des hommes, et petit à petit, des animaux curieux vinrent l'entourer. Et pendant un temps, Khors et Borya crurent tout deux qu'ils pourraient vivre en paix.

Pendant un temps.