★ CARACTÈRE :
frankly my dear, I don’t give a damn : j’ai un sale caractère. Sans blague. Dire que je ne suis pas une douceur à vivre est un euphémisme. Voilà, l’ambiance est posée, débrouillez-vous avec ça. Je n’ai pas de temps à perdre à faire croire aux gens que je ne suis pas une mauvaise fille, que j’ai un bon fond. Parce que je n’en sais foutrement rien et que je m’en bats les reins. Ce que pensent les gens de moi, ça me passe au-dessus (le premier qui dit qu’avec ma taille ce n’est pas étonnant, je le scalpe). Peut-être que je suis une raclure, peut-être pas. Je ne me pose pas ce cas de conscience. De toute manière je n’aime pas les gens. Soit ils sont débiles, soit ils sont méchants. Parfois les deux.  

don’t like the face of yours, you moron : mon côté sauvage me rend méfiante, renfermée et acerbe. je suis mal à l’aise avec les sentiments et la plupart des relations humaines non basées sur le conflit. Entre les autres et moi c’est… compliqué. Les marques d’affection de toutes sortes ne sont vraiment pas ma came. N’attendez aucun câlin de ma part. Et évitez de m’en faire. Je vous en conjure. Pitié. Une bonne droite m’est plus facile qu’une caresse. Je ne suis pas méchante (enfin je crois), mais mon cynisme dépasse parfois ma pensée. Si j’ai un truc à balancer, je ne vais pas l’envoyer dans une jolie carte avec des fleurs. Tact et délicatesse ? Inconnus au bataillon. Du genre ronchon, j’ai le sourire difficile. Un moineau bourru et grognard. Mes nerfs parlent souvent à ma place, il n’est pas rare que le volcan entre en éruption et emmène le mobilier dans sa colère. Mes gènes méditerranéens sans doute. J’ai beaucoup de mal à gérer mes crises de nervosité sans calmants depuis que j’ai découvert le Dôme et toutes les bestioles qu’il contient.

born under a wandering star : grandir sans repère, sans modèle, ça laisse des traces. Tête en l’air comme ce n’est pas permis, j’ai tendance à zapper pas mal de choses. Souvent car je suis perdue dans mes pensées. L’esprit dispersé. Grande rêveuse, je peux aisément passer des heures à la fenêtre pour regarder tomber la pluie. C’est beau la pluie. Oh m*rde j’ai laissé la poêle sur le feu ! D’autre part, je suis assez gaffeuse. S’il y a une chose à ne pas dire dans une conversation, un sujet tabou à ne pas mettre sur la table, je vais débarquer avec mes gros sabots et mettre les pieds dans le plat. Oups. Cette maladresse n’est pas que verbale : il m’arrive régulièrement de casser du matériel ou de rater une marche. Mon dos a rencontré pas mal de bords de trottoir… Ajoutez à ça une poisse légendaire et une capacité presque inhumaine à attirer les ennuis, et boom vous avez un beau cocktail à la Mona. Vous m’en direz des nouvelles.

what I do is not up to you : si j’ai une leçon à retenir de la vie, c’est celle de ne dépendre de personne. J’ai toujours fait en sorte de ne pas avoir besoin d’aide. Débrouillarde et créative, je ne suis jamais à court d’idées pour me sortir d’un mauvais pas. Cette autonomie volontaire est en partie due à ma propre fierté, je l’admets. J’ai mon petit orgueil, et je n’aime pas le voir froissé. De nature curieuse, j’adore apprendre et comprendre. Je m’intéresse à tout, que ce soit de la mécanique pure et dure comme des sciences plus abstraites. Ce que je préférais voler, c’était des livres. Bon, souvent ils servaient plus à caler les meubles qu’autre chose, mais au moins ils étaient là. On me dit rusée, et sans me vanter c’est vrai que je suis plutôt futée. Pas la moitié d’une imbécile.

dry your eyes, baby, it’s out of character : me plaindre ou m’apitoyer sur mon sort ne fait pas partie de mes activités favorites (sauf râler, j’aime bien râler). Je ne pleure que les morts. Pour le reste, je me bats. Je suis une acharnée, je persévère jusqu’à obtenir ce que je veux. Butée, je ne laisse rien ni personne me faire dévier de mon objectif. Tant que j’ai une chance, aussi infime soit-elle, je fonce. Je n’ai jamais eu l’occasion d’apprendre que montrer ses faiblesses n’était pas un danger. Être vulnérable aux yeux des autres n’est pas une option. Question de survie. Je ne suis pas une mauviette. Pourtant, je ne risquerai jamais ma vie. Téméraire mais pas suicidaire. Je me fiche de passer pour une lâche, je n’ai rien à prouver à personne. Alors ne comptez pas sur moi pour vous sauvez les miches au péril des miennes.

fight her and you’ll be bones : j’ai eu de nombreux sobriquets au long de ma jeune carrière de… déchet de la société ? Un de mes favoris est “petit fléau”. Mona Lil’ Scourge Sforza. Enchantée. Ce surnom dépeint bien l’esprit fougueux et destructeur que je suis. En bon électron libre qui se respecte, je me rebelle facilement et vis avec passion. Intrépide et intuitive, je suis mon instinct. Après moi le déluge. Ne vous fiez pas à mon petit gabarit de moineau, je sais me défendre. Attention je mords. Et je n’aime pas que l’on m’infantilise. Encore plus face aux hommes. Les mecs sont tous des crétins. Partez de ce principe et la vie vous paraîtra beaucoup plus claire. Susceptible ? ALORS LÀ PAS DU TOUT. C’est vous les susceptibles.

you worry too much, you’re gonna have a heart attack : il paraît que je suis du genre irresponsable. C’est vrai que je ne préoccupe pas trop des conséquences de mes actes. Je fais ce que je veux et advienne que pourra. La vie est trop courte pour se poser des questions inutiles comme “est-ce que je vais le regretter ?”. Ce trait de caractère me vaut d’être d’une désinvolture à la limite de l’insolence. Pas qu’à la limite en fait. Je suis totalement insolente. J’aime provoquer, voir les sourcils se froncer ou se hausser, les bouches se tordre dans des rictus offusqués. Mais plus que tout ça, j’aime la vie, je suis une profonde amoureuse de l’existence et je veux la vivre à fond. Expérimenter toutes les émotions, sentir ma chair vibrer de milles et une choses. Au fond, je n’ai jamais grandi, je ne suis encore qu’une enfant. Devenir raisonnable, adulte, fonder une famille ? Beurk.

★ PARTICULARITÉS : rien à signaler. Pas de tatouage, pas de piercing, pas de grosse balafre en travers du visage. Ça détonne trop dans le paysage, je serais trop facilement repérable. Oh j'ai bien mon lot de petites cicatrices, mais rien de flagrant. Le seul détail notable est une tache de naissance en forme de constellation sur mon épaule droite. D'après le professeur Williams, elle serait liée à des évènements qui ce seraient produits il y a longtemps. Allez savoir.

★ Les humains se font rares par ici... Pour quelle(s) raison(s) ce personnage s'est-il retrouvé dans toute cette histoire ? : merci de poser enfin les bonnes questions. Pourquoi ? Pourquoi je me retrouve dans un bourbier encore plus foireux que le précédent ? Je n'ai rien demandé, moi. J'ai pris le premier vol que j'ai trouvé et il a fallu que je tombe sur une équipe de gens très très louches qui m'ont menée ici. Ma bonne étoile et nulle à son job. Virez-la, j'en veux une autre.

★ Les humains auraient une aversion pour le bestiaire fantastique... Pense-t-il pareil ou bien son avis est-il différent ? Pourquoi ? : imaginez que vous vivez dans un monde qui certes ne tourne pas très rond mais dont vous pensez comprendre à peu près les tenants et les aboutissants. Il y a les humains, ils sont viles et stupides, vous en faites partie et vous menez votre petite vie tranquille. Et sans prévenir, le destin vous donne un mauvais coup derrière la nuque et vous découvrez que tout un tas de créatures très (voire très très) dangereuses existent aussi. Et que possiblement vous risquez votre peau à chaque fois que vous sortez de votre terrier. Passer de prédateur (tout est relatif, soit) à proie, ça fait un sacré choc. Certains l'encaissent mieux que d'autre, chacun à sa façon. Moi c'est les cachetons.

★ Que pense-t-il du Dôme et de Praedam Hill ? : je dois admettre que c'est la cachette idéale pour échapper à mes anciens patrons, mais j'aurais quand même préféré ne jamais avoir connaissance de cette ville et de ses habitants. Pour moi, ce n'est rien de plus qu'une cage. Cage dont je n'hésiterai pas à m'échapper si l'occasion se présente. Le monde est vaste, je n'ai pas une folle envie de m'éterniser dans le coin. Alors en attendant, je ronge mon frein et j'essaie de rester vivante. Ça me prend déjà pas mal de mon temps.

★ Quel est son avis sur les récurrences divines, actives depuis maintenant plus d’un an sous le Dôme ? : un danger de plus ou de moins, on n'est plus à ça près. J'arrive à un stade de désillusion où si l'on vient me dire que l'Apocalypse est prévue pour l'heure du déjeuner, je répondrais "ok". Ramenez ce que vous voulez, des dieux, des fantômes, des licornes, du moment qu'on me laisse en paix je n'en ai rien à cirer. Je suis déjà au maximum de mes crises d'angoisse.

Une erreur. Tout part d’une erreur. Chaque changement, chaque nouveauté, chaque diversité était au départ une erreur dans la matrice de l’univers. La vie ? L’erreur ultime. Le divin bug. Une succession de ratages pour aboutir au raté suprême : l’humain. Je ne sais pas qui était aux commandes le jour de la conception du projet, mais franchement il devait sortir d’un afterwork un peu trop arrosé. Les gens me traitent de cynique lorsque je balance ce genre de vérités, et je vois derrière leur rire gêné qu’ils préfèrent ne pas y penser. Bienheureux sont les pauvres d’esprit.

Il y a Mona Lisa, et puis il y a Mona. La vraie Mona. Celle qui ne s’expose pas des journées entières au Louvre sous le regard avide de milliers de curieux, comme à une vitrine du Quartier Rouge. Celle que personne n’a peinte et qui s’en réjouit. Celle qui préfère grogner plutôt que sourire.
Je suis née en Sicile, dans la belle ville de Syracuse. De ma jeunesse italienne, je n'en garde que très peu de souvenirs. L'odeur iodée du rivage, le parfum des plantes, la chaleur du soleil sur ma peau, la douce lumière qui se fraye un passage entre les rideaux, l'accent chantant des Siciliens en-dessous de la fenêtre. Des petits riens qui pourtant s'accrochent à mon cœur depuis que j'ai quitté ma chère Méditerranée. Ma mère m'a entraînée dans son périple vers le Nouveau Monde lorsque je n'étais encore qu'une morveuse. Ah la mamma... un personnage plutôt excentrique. Elle n'a plus toute sa tête aujourd'hui, elle ne l'a jamais eue d'ailleurs. Toujours des idées loufoques sorties du chapeau, d'une frivolité incomparable, une experte en esquive de problèmes, totalement irresponsable et insouciante. Le parfait modèle d'éducation. On peut dire que les leçons, je les ai apprises toute seule. A mes dépens, je reviendrai sur ce sujet dans quelques instants. Et le paternel, me direz-vous. Inconnu au bataillon. Selon maman, il y aurait une demi-douzaine de possibilités. Vive les années 80. D'un côté, je n'ai jamais cherché à en savoir plus. Je préfère vivre dans l'ignorance plutôt que découvrir que je suis le rejeton d'un pauvre type. Ainsi, quand j'étais gamine, je me plaisais à raconter que mon papa habitait dans les étoiles et qu'un jour il viendrait me chercher pour me ramener à la maison. Oui, la maison. En effet, je ne me suis jamais sentie chez moi sur Terre. J'ai l'impression de ne pas être à ma place, de n'être qu'une étrangère. J'ai certainement hérité du gène taré de ma mère.

J'ai donc grandi à Ocean Hill, un des quartiers les plus mouvementés de New-York. La madre, bien incapable de joindre les deux bouts à la fin du mois, a rapidement mis ma scolarité au second plan. Ce qui devait arriver arriva : la rue m'a happée, comme un papillon de nuit attiré par une lanterne. Et j'ai fini par me griller les ailes. De mauvais plan en mauvais plan, de mauvaise rencontre en mauvaise rencontre, je me suis enlisée dans la pègre new-yorkaise. Oh, rien de glamour, je faisais partie du menu fretin, des pions que les boss n'ont aucun scrupule à envoyer au casse-pipe. La malédiction des Sforza avait encore frappé.
La perspective de crever comme un chien dans le caniveau ne m'enchantant guère, j'ai décidé de filer à l'anglaise avant le jour de trop. Parmi tous les moyens que j'avais à ma disposition pour rassembler une somme correcte afin de partir, j'ai choisi la pire : voler les patrons. Certes, j'ai réussi. Certes, j'étais pleine aux as. Certes, je me suis barrée. Mais avec une meute de chiens enragés aux trousses. Une vie de cavale, ce n'est pas une vie. Aussi je n'ai pas perdu mon temps : j'ai laissé ma mère complètement délirante à un centre de repos médicalisé en lui payant sa pension, et j'ai quitté les États-Unis.

Ma malchance m'a rattrapée à l'aéroport. Je sais pourtant que je ne dois pas prendre de décision importante au hasard. Et pourtant, je l'ai fait. Prenant le premier avion, je me suis retrouvée en plein désert égyptien, dans une pyramide avec Cléopâtre la reine des garces, des momies et des gens très bizarres. Je connais un paquet de tarés, mais alors eux, ils battent tous les records. Après ces péripéties, j'ai fini par atterrir sous le Dôme. Coincée ad vitam æternam.
Un bilan pas très positif en somme. Seul avantage notable : mes anciens employeurs auront beaucoup de mal à me remettre la main dessus. Et d'ici là, s'ils y parviennent, je me serais fait quelques potes bien balèzes pour leur mettre la tête au carré.  

Ça va faire maintenant un an que je survis à Praedam Hill. Après quelques mois passés à dormir dans la rue, j'ai amassé assez d'argent avec une flopée de petits jobs plus ou moins gratifiants pour l'ego, afin de me payer une sous-location vétuste dans un des quartiers les moins huppés de la ville. Le plafond part en vrille, les murs ne sont pas droits, l'isolation inexistante, les voisins trop existants, ça craque, ça fuit, ça braille de partout, mais au moins j'ai l'impression d'avoir un semblant de chez moi. Je ne sais pas du tout à qui je sous-loue cette piaule, et je n'ai pas envie de le savoir. Dès que je peux me barrer, je me barre. J'ai d'autres projets que crever d'une pneumonie dans un lit auquel il manque la moitié des lattes. Je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter ça, mais je devais être une sacrée enflure dans une autre vie. Au moins un niveau Charles Manson ou Ted Bundy. Sérieux, mon ange gardien est parti en pause clope définitive ou quoi ?
Je me suis plutôt bien habituée à mon quotidien ici. Hormis le fait que le traumatisme de la découverte d'autres formes de vie dangereuses pour ma santé m'oblige à une haute consommation de tranquillisants, que je supporte très mal le fait que la moitié des habitants veuille me bouffer (n'allez pas me dire que les vampires et les loups-garous se contentent de civets de lapin, on n'est pas dans un p*tain de film pour ados décérébrés), ça va. Je vais bien. Tout. va. bien.